Wall Street dévisse face à l’escalade de la guerre commerciale
Wall Street a été frappée de plein fouet par une vague de panique cette semaine. L’intensification des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine a provoqué une chute brutale des actions, du pétrole et du dollar, tandis que les obligations ont échoué à jouer leur rôle de valeur refuge.
Après un bref rebond, les marchés ont replongé dans le rouge. Le S&P 500 a chuté de 4,5 %, marquant l’un des pires reculs depuis 2020. Les rendements des bons du Trésor à 30 ans ont grimpé à 4,8 %, tandis que le dollar est tombé à son plus bas niveau depuis octobre.
Une guerre commerciale de plus en plus coûteuse
L’euphorie qui avait suivi le report de certains droits de douane s’est rapidement dissipée. Le président Donald Trump a annoncé de nouveaux tarifs douaniers sur les importations chinoises, portant le taux cumulé à 145 %. Pékin a répliqué en menaçant d’intensifier ses mesures de rétorsion.
Pour Wall Street, cette escalade a ravivé la peur d’un choc prolongé sur l’économie mondiale. Les entreprises, confrontées à l’incertitude tarifaire, ralentissent leurs investissements. Les consommateurs, eux, commencent à réduire leurs dépenses discrétionnaires.
Les marchés perdent leurs repères
La situation actuelle brouille les signaux économiques. Bien que l’inflation ait ralenti en mars, elle ne tient pas encore compte de l’impact des nouveaux droits de douane. De nombreux analystes estiment que l’inflation induite par les tarifs apparaîtra dans les mois à venir, risquant d’affaiblir davantage la croissance.
Les investisseurs s’interrogent : s’agit-il d’une baisse saine de l’inflation ou d’un effondrement de la demande ? Bret Kenwell, d’eToro, souligne le dilemme :
« Une baisse des prix due à une chute de la consommation n’est pas un signe de santé économique. »
Les grandes entreprises s’inquiètent
Plusieurs sociétés cotées à Wall Street ont déjà tiré la sonnette d’alarme. CarMax Inc. a suspendu ses objectifs financiers, tandis que Novavax Inc. a vu son action chuter après les commentaires du secrétaire à la Santé, Robert F. Kennedy Jr., remettant en question l’efficacité de son vaccin.
Cette incertitude rend la planification stratégique extrêmement difficile pour les entreprises, en particulier celles du secteur technologique ou industriel, très exposées aux chaînes d’approvisionnement mondiales.
La Fed reste prudente
Face à la volatilité croissante, la Réserve fédérale adopte une posture d’attente. Plusieurs responsables ont exprimé leur inquiétude quant à l’effet cumulatif des politiques commerciales de Trump sur l’inflation.
« Nous attendons d’évaluer l’impact réel des nouvelles politiques avant d’ajuster les taux », a déclaré un membre du comité de politique monétaire.
Le marché, de son côté, doute de plus en plus d’une baisse des taux dans un avenir proche.
Scénarios pour Wall Street
Historiquement, lorsque le S&P 500 chute de 15 % ou plus au cours d’une année, il ne parvient à se redresser en clôturant l’année en positif que dans 3 cas sur 16, selon Ryan Detrick, du Carson Group.
La nervosité est donc palpable. Le VIX, indice de la peur à Wall Street, est en forte hausse. Les investisseurs recherchent des actifs refuge, sans grand succès jusqu’à présent.