Pétrole : l’OPEP+ et Trump font plonger les prix
La chute brutale des prix du pétrole ces deux derniers jours secoue le marché mondial. En cause : l’annonce surprise de l’OPEP+ d’augmenter sa production, combinée aux nouveaux droits de douane imposés par le président Donald Trump.
Le pétrole Brent, référence mondiale, a chuté de 13 % en deux jours, tombant à 66 dollars le baril. Le West Texas Intermediate, référence américaine, s’échangeait autour de 61 dollars vendredi. Une baisse qui rebat les cartes de la politique énergétique mondiale.
La stratégie de Trump met la pression sur l’industrie
Les droits de douane décidés par Trump ont surpris le marché. Déjà appliqués à l’acier, ils ont été étendus au pétrole et aux équipements liés à son extraction. Le coût des tuyaux a bondi de 30 %, compliquant les projets des foreurs américains.
Résultat : la stratégie « drill, baby, drill » devient moins rentable. Selon une enquête de la Fed de Dallas, de nombreux projets ne sont viables qu’au-dessus de 65 dollars le baril.
L’OPEP+ enfonce le clou avec une production accrue
L’OPEP+ a annoncé une augmentation de sa production, ajoutant 411 000 barils par jour au marché dès mai. Une décision qui semble avoir été coordonnée avec l’administration Trump, selon des sources proches des négociations.
Certains analystes estiment que l’Arabie saoudite cherche ainsi à sanctionner les pays membres ne respectant pas leurs quotas, comme l’Irak et le Kazakhstan.
Les prévisions s’effondrent
Les perspectives pour 2025 ont été revues à la baisse. Goldman Sachs a réduit de 5 dollars son objectif de fin d’année pour le Brent. UBS anticipe désormais une croissance de la demande presque divisée par deux. Enverus, de son côté, a diminué d’un tiers son modèle de croissance.
La guerre commerciale attise les incertitudes. Le pétrole pourrait rester sous pression durablement.
Impact mondial : des gagnants et des perdants
Aux États-Unis, les producteurs de schiste souffrent. L’indice S&P 500 Energy a plongé de 16 % en deux jours. Des géants comme APA, Diamondback ou Baker Hughes ont chuté de plus de 20 %.
En Europe, en revanche, la baisse des prix du pétrole et du gaz est une aubaine. Elle pourrait atténuer les tensions énergétiques en Allemagne avant l’hiver, et alléger la facture des industriels.
Le Moyen-Orient fragilisé
Les pays du Golfe, dépendants d’un pétrole à plus de 90 dollars le baril, sont particulièrement exposés. Le FMI rappelle que l’Arabie saoudite, l’Irak et le Kazakhstan ont besoin de prix élevés pour équilibrer leurs budgets.
Une chute prolongée du prix du pétrole pourrait remettre en cause des projets stratégiques, notamment ceux liés à la Vision 2030 du prince héritier saoudien.