Chevron bloqué au Venezuela après sanctions américaines
Les tensions diplomatiques et commerciales entre les États-Unis et le Venezuela ont provoqué un blocage inattendu des opérations pétrolières de Chevron, l’un des derniers groupes américains encore actifs dans le pays sud-américain.
Deux navires Chevron retenus par PDVSA
Deux navires affrétés par Chevron — le Dubai Attraction et le Carina Voyager — sont actuellement bloqués dans les eaux territoriales vénézuéliennes. Selon des sources proches du dossier, la compagnie nationale PDVSA a annulé leurs autorisations de départ, après l’annonce par les États-Unis de droits de douane secondaires visant les acheteurs de pétrole vénézuélien.
Ces navires avaient déjà chargé leur cargaison de brut et attendaient l’autorisation de quitter le pays. Une troisième expédition prévue avec le pétrolier Pegasus Star a également été suspendue.
Contexte : la licence de Chevron compromise
Chevron avait obtenu une licence individuelle d’exploitation au Venezuela, délivrée par le Département du Trésor américain, autorisant l’entreprise à exporter du brut jusqu’à fin mai 2025. Cette mesure faisait partie d’un régime de sanctions allégé en 2022, destiné à maintenir un canal d’approvisionnement pétrolier contrôlé depuis le Venezuela.
Cependant, la récente annulation des licences par l’administration Trump compromet cette autorisation. En mars, Washington a accusé le gouvernement Maduro de ne pas avoir suffisamment progressé sur les dossiers de la démocratie et de la coopération migratoire. En réponse, toutes les licences d’exploitation étrangère ont été révoquées.
Exportations en suspens et confusion juridique
Les cargaisons concernées par le blocage avaient déjà été déclarées comme exportations officielles aux douanes vénézuéliennes. Pour les rapatrier ou les rediriger, Chevron doit désormais obtenir une nouvelle autorisation de PDVSA, selon la réglementation locale.
Le Carina Voyager était destiné à la raffinerie Chevron de Pascagoula, dans le Mississippi, tandis que le Dubai Attraction devait effectuer un transfert vers un navire affrété par Valero Energy au large d’Aruba. L’avenir de ces cargaisons reste incertain.
250 000 barils/jour impactés
Au premier trimestre 2025, Chevron exportait en moyenne 250 000 barils par jour de brut vénézuélien vers les États-Unis. Ces volumes, issus des coentreprises entre Chevron et PDVSA, représentent près d’un quart de la production nationale du Venezuela.
La suspension actuelle risque de perturber sérieusement les chaînes d’approvisionnement américaines, à un moment où le marché du pétrole est déjà sous pression à cause des tensions commerciales mondiales.
Chevron silencieux, Caracas en colère
Ni Chevron ni PDVSA n’ont commenté officiellement la situation. Mais selon des analystes, l’attitude de Caracas pourrait viser à faire pression sur Washington pour desserrer l’étau des sanctions, en utilisant les autorisations de chargement comme levier.
Le gouvernement Maduro dénonce de longue date les sanctions américaines, qu’il qualifie de « guerre économique ». Depuis 2019, les restrictions ont drastiquement limité la capacité du Venezuela à vendre son pétrole sur les marchés internationaux.