Un effondrement du prix du pétrole sous les 70 dollars
Le prix du pétrole a atteint son plus bas niveau en plus de trois ans. Le Brent a plongé à 68,33 dollars le baril mercredi, un seuil inédit depuis fin 2021. Cette baisse de plus de 5 % depuis lundi reflète les inquiétudes des investisseurs face à la guerre commerciale de Donald Trump et à une offre excédentaire.
Une demande en berne et des stocks en hausse
Les stocks de pétrole aux États-Unis ont augmenté de 3,6 millions de barils la semaine dernière pour atteindre 433,8 millions, dépassant les prévisions des analystes. Ce chiffre publié par l’Energy Information Administration (EIA) traduit une demande stagnante, amplifiant la pression sur les prix du pétrole.
Par ailleurs, les statistiques de l’emploi ont déçu : l’économie américaine n’a créé que 77 000 emplois en février, bien en deçà des 140 000 attendus. Ce ralentissement alimente la crainte d’un ralentissement économique, qui pèse lourdement sur le marché pétrolier.
La guerre commerciale de Trump, un catalyseur négatif
Les tensions commerciales exacerbées par les droits de douane imposés par Trump sur le Canada, le Mexique et la Chine fragilisent l’économie mondiale. Le président a reconnu qu’il pourrait y avoir « un peu de perturbation », mais assure que ses politiques profiteront à long terme aux États-Unis. Toutefois, les économistes avertissent que ces taxes risquent d’alimenter l’inflation et de ralentir la croissance.
L’OPEP+ accentue la pression avec une hausse de la production
Malgré la faiblesse de la demande, l’OPEP+ a décidé d’augmenter sa production de 2,2 millions de barils par jour d’ici 2026. Cette décision, qui vise en partie à apaiser Trump, contribue à renforcer l’excédent de l’offre et à faire baisser les prix.
Selon Chris Beauchamp, analyste en chef des marchés chez IG, cette décision est avant tout motivée par la géopolitique et non par la logique économique. En janvier, Trump avait pressé l’Arabie saoudite et ses alliés de « faire baisser le coût du pétrole » lors du Forum économique mondial.
Un virage vers une production accrue aux États-Unis
Dans un effort pour stimuler la production nationale, Trump a promis de relancer le forage en réduisant les protections environnementales et en retirant les États-Unis de l’accord de Paris sur le climat. Par ailleurs, BP et Shell réduisent leurs investissements dans les énergies vertes pour renforcer leur production de pétrole et de gaz.
Une baisse des prix du carburant en perspective ?
La chute des prix du pétrole pourrait bénéficier aux consommateurs avec une baisse des prix de l’essence et du diesel. Au Royaume-Uni, le prix de l’essence a atteint son plus haut niveau en six mois, avec un coût moyen de 139,65 pence le litre, selon le RAC.
Selon Rebecca Babin, négociante en énergie chez CIBC, la baisse actuelle montre que l’attention des marchés se détourne des risques d’approvisionnement pour se concentrer sur les préoccupations liées à la demande. Cela pourrait indiquer que le marché pétrolier approche d’un point bas.
